Initial Coin Offering en crypto : Décryptage de ce type de levée de fonds

Depuis la popularisation de la cybermonnaie dans les années 2010, cette industrie a beaucoup évolué, permettant de mieux cerner et comprendre plusieurs mécanismes financiers, dont l’Initial Coin Offering.

Ce type de levée de fonds est assez répandu chez les entrepreneurs 3.0 et présente un certain nombre d’avantages indéniables. Il soulève aussi nombre de problématiques avec des questions sur lesquelles les experts planchent sans relâche.

Cet article n’est ni une incitation à engager ou souscrire à une offre au public de cyberjetons, ni une approbation quelconque des procédés qu’elle implique. Il s’agit plutôt d’un guide sur les tenants et les aboutissants de l’Initial Coin Offering, avec un décryptage complet du procédé.

L’ICO, Qu’est-ce que c’est ?

L’Initial Coin Offering encore appelé ICO est un procédé de financement participatif qui consiste en une levée de capital par l’émission et la mise en vente d’actifs numériques.

Connus sous le nom de tokens (« jetons » en français), ces actifs sont émis via une blockhain et échangés contre des crypto-monnaies venant de clients, ou plus rarement contre de la monnaie fiduciaire.

La définition de Initial Coin Offering (ICO) la plus juste serait ainsi la notion de capital-risque peer-to-peer.

Cette émission de jetons est généralement lancée par des start-ups ou des promoteurs de projet à potentiel économique intéressant. Les acheteurs bénéficient dans la plupart des cas des services mis au point, mais cela peut aussi être des parts de l’entreprise financée.

La naissance du protocole Ethereum en 2015, après la prévente d’unités baptisées Ether (ETH), est le premier exemple d’ICO véritablement populaire.

Néanmoins, rien au jour d’aujourd’hui ne permet de garantir la fiabilité et la viabilité de ce genre d’opération. Le niveau d’insécurité juridique et la quasi-impossibilité pour les Etats de polariser la gestion des monnaies cryptographiques font de toute ICO crypto un pari à risque au stade actuel.

Cela vaut aussi bien pour les participants qui peuvent par exemple être victimes d’une arnaque, que pour les initiateurs qui peuvent voir leur projet échouer pour diverses raisons.

La loi essaie tant bien que mal d’encadrer le concept, avec des réglementations que nous aborderons plus loin dans ce guide. Ces réglementations touchent au droit financier, aux investissements directs étrangers et plus généralement aux cryptodevises.

Lorsque l’Initial Coin Offering est ainsi régulée, on parle de STO, soit Security Token Offering (« offre de jetons de titres » en français).

Il faut noter l’existence d’une variante plus récente de l’ICO crypto, sous le nom d’IEO (Initial Exchange Offering ou Offre Initiale d’Echange).

Cette dernière présente de meilleures garanties sécuritaires, notamment grâce à l’implication d’une plateforme professionnelle d’échanges comme partie tierce dans le procédé.

La plateforme se charge d’évaluer les profils des parties prenantes, le potentiel et la viabilité du projet à financer, d’étudier le marché, et de garantir un certain niveau de transparence dans les transactions.

Cet article fournit des détails intéressants sur ce qu’est une Initial Coin Offering.

Fonctionnement d’une Initial Coin Offering

Avant le démarrage d’une ICO, le projet qui en fait l’objet doit être expliqué et détaillé avec toutes ses clauses. Ces dernières sont inscrites dans un document informatif souvent appelé « livre blanc », et mises à disposition du grand public.

Il est conseillé d’en prendre dûment connaissance, afin d’évaluer les chances de réussites et les perspectives. Certaines entreprises procèdent même à une « ICO test », pour voir si leur projet suscite de l’engouement.

Tout se déroule ensuite sur la plateforme de l’émetteur. La période d’achat est ouverte pour un minimum de 150 acheteurs potentiels, ou pour un groupe plus restreint de personnes à haut niveau d’intérêt.

Elle prend généralement fin dès l’atteinte du seuil de financement minimum mentionné dans le document d’information. Si cet objectif s’avère impossible à atteindre, l’Initial Coin Offering a alors échoué. Les investisseurs sont remboursés, et le projet est annulé, soit reporté.

Il faut savoir que les tokens peuvent fluctuer sur le marché en fonction des différentes tendances. Il est possible et parfois bénéfique de les échanger sur une autre plateforme, lorsque le projet qui les a générés a pris de l’ampleur.

Il existe des places de marché virtuelles pour ce genre d’échanges, comme TokenMarket et Overstock. Il ne reste dès lors plus qu’à suivre l’évolution de l’entreprise initiatrice de l’Initial Coin Offering et à aviser en fonction.

Les avantages et les inconvénients

Une Initial Coin Offering s’apparente ainsi à une IPO (Initial Public Offering), c’est-à-dire une entrée en bourse, même si elle se fait dans des proportions bien moindres.

Par rapport à l’introduction classique en bourse, elle présente des avantages certains de même que des inconvénients qui sont de véritables casse-têtes pour les parties impliquées. Les voici détaillés.

Les avantages

Le principal avantage d’une Initial Coin Offering réside dans sa simplicité, couplée à une rapidité d’exécution qu’apprécient bon nombre de porteurs de projets.

L’ICO crypto ne s’embarrasse en effet pas de protocoles de conformité complexes, comme c’est le cas avec les banques et autres institutions financières.

Tout repose sur l’intérêt, la confiance et le nombre de souscripteurs, et les fonds peuvent être obtenus très rapidement sans contrainte, même pour des entreprises à fort risque.

Outre cela, une ICO permet à une start-up de bénéficier d’une publicité efficace à l’échelle internationale pour ses produits et services, ceci en dépensant bien moins que dans une campagne publicitaire classique.

Elle pourra aussi se constituer une base de clients potentiels sur le long terme. Elle n’aura pas à dépenser ses capitaux propres puisque les actifs numériques créés n’en sont pas, pas plus qu’elle n’aura besoin d’un intermédiaire qui pourrait lui revenir cher en frais de levée de fonds.

Autre avantage notable, l’ICO donne la possibilité à pratiquement tout le monde d’apprendre et de pratiquer le capital-risque. C’est un facteur d’enrichissement et d’intelligence financière pour de larges franges de populations.

Les inconvénients

Comme nous l’avons dit, il y a beaucoup de flou juridique dans les réglementations sur les Initial Coin Offering, ainsi qu’une traçabilité encore trop faible de ces opérations, du fait de l’inclusivité internationale des cryptomonnaies.

Ceci crée un grand nombre de risques, notamment ceux d’arnaque, mais aussi de blanchiment d’argent. Malgré tous les efforts et les demandes du public, le taux de transparence est généralement faible, ce qui constitue une véritable aubaine pour les criminels de tout genre.

Par ailleurs, étant axée principalement sur la blockchain et la technologie en général, une Initial Coin Offering n’est jamais complètement à l’abri d’une attaque informatique et d’un détournement conséquent de fonds ainsi que de données sensibles.

La menace cybercriminelle est un véritable fléau dans le domaine. Pour finir, la fluctuation des tokens peut donner lieu à des écarts de valeurs énormes, au fil du temps comme sur différentes plateformes d’échange.

Il faut donc faire attention à ne pas enregistrer des pertes significatives, en vendant ses actifs numériques au plus tôt lorsque l’on enregistre une baisse des cours.

Après avoir connu une popularité fulgurante au départ, la fréquence des Initial Coin Offering a quelque peu baissé ces dernières années, du fait des revers enregistrés sur plusieurs plans, tant par les initiateurs que par les investisseurs.

Le concept reste néanmoins d’actualité compte tenu de son potentiel économique, et les acteurs du domaine sont constamment en train de chercher des moyens de l’améliorer et de le sécuriser davantage. Un certain nombre de mesures ont notamment été prises par l’Etat dans ce sens.

Le cadre légal

En mai 2019, l’Etat français a promulgué la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) qui aborde la question des Initial Coin Offering et y apporte quelques amendements.

Elle délègue à l’Autorité des marchés financiers, l’émission et l’apposition d’un visa de légalité après contrôle du livre blanc du projet à financer, ainsi que d’autres aspects. Ce visa est facultatif, mais il tient lieu de label de qualité pour les investisseurs.

L’AMF précise toutefois qu’il ne s’agit nullement d’une incitation à participer à une Initial Coin Offering.

A propos du visa délivré par l’AMF, 4 points importants sont à retenir :

  • Il ne concerne que l’offre émise, et pas le promoteur qui l’émet ;
  • L’Initial Coin Offering sur laquelle il porte ne peut pas durer plus de 6 mois, délai au-delà duquel il expire ;
  • Il ne garantit pas la fiabilité des logiciels informatiques impliqués dans le processus ;
  • Il ne couvre pas les données non comprises dans le document d’information de l’émetteur.

Il faut préciser que les Initial Coin Offering ne disposant pas d’un visa sont tout aussi légales en France. La seule restriction qui est imposée aux initiateurs est celle de ne pas effectuer un démarchage auprès du grand public.

Vous pouvez cliquer ici pour visualiser la liste des Initial Coin Offering ayant jusqu’ici reçu le visa de l’Autorité des marchés financiers.

Voilà en résumé ce que vous devez savoir sur l’ICO ainsi que sur ses implications. Vous avez à l’œil une start-up ou un projet en particulier, et cela va être votre première participation à une ICO ?

Nous vous recommandons de vous faire accompagner par un conseiller en investissement, afin de mieux cerner les possibilités ainsi que tous les risques d’une Initial Coin Offering.